Rappel des conditions climatiques du Millésime 2015 au Domaine des Hospices de Beaune, à 3 semaines de la 155ème vente aux enchères
Mercredi 14 Octobre se tenait la conférence de presse à un mois de la 155ème vente aux enchères des Hospices de Beaune. L'occasion pour le régisseur Ludivine Griveau, qui a pris ses fonctions en début d'année après avoir succédé à Roland Masse, de faire un comte rendu exhaustif des conditions de l'excellent millésime 2015.
Retrouvez également cette vidéo que nous avons réalisée au dernier jours des vendanges.
https://www.youtube.com/watch?v=RWF64abd9Nc
LE MILLESIME 2015 DES HOSPICES DE BEAUNE
Vu par Ludivine Griveau, Régisseur du Domaine Viticole des Hospices de Beaune
Les éléments climatiques L’hiver 2014-2015 en Bourgogne n’aura pas été digne de ce nom puisque les mois de Décembre à Février, ont eu des températures au-dessus des moyennes de saison. Très tôt, le printemps s’installe, avec un début du mois de Mars assez clément. Les températures chutent significativement à la mi-mars alors que les premiers bourgeons gonflent dans leur coton. Si l’hiver a été peu froid, il aura été plutôt arrosé mais sans excès. Le printemps ne remontera pas la moyenne. Avril, plus froid et moins ensoleillé, est quant à lui voisin des normales de saison. Dès fin Avril, le paysage viticole commence à changer et certaines pointes vertes sont visibles, les températures remontent significativement. Elles vont même dépasser les normales de saisons, si bien qu’à début mai, la majorité des parcelles se situe au stade de 1ère feuille étalée. Au demeurant, à ce stade de l’année, le niveau d’avancée de 2015 se situe encore dans la moyenne des 10 dernières années. Comme chacun l’aura noté, grâce aux très beaux mois de Mai, Juin et Juillet, l’été s’aborde sous un soleil radieux et les températures estivales seront supérieures à la moyenne de saison. La végétation a connu un développement explosif durant les premières semaines de Mai et Juin: la pousse était très active et la vigne a témoigné d’une résistance incroyable à la chaleur et au stress hydrique. Comptons de 3 à 5°C aux dessus des normales de saison. Durant les mois d’été, la pluie n’est pas tombée très souvent, et parfois même seulement quelques millimètres. A noter que les quantités d’eau ont été extrêmement variables d’un département à l’autre : ainsi, il est tombé très peu d’eau à Macon entre début Juin et mi-Juillet alors que la Côte d’Or a reçu des pluies à des moments stratégiques de la vigne. A ce stade, nous en sommes quasi certains, le millésime sera précoce. La Bourgogne se réjouit ainsi de revivre un été chaud et ensoleillé car il faut admettre que les deux ou trois derniers avaient été plus « chaotiques » en terme de températures, comprenez, plus frais et hétérogènes d’un jour à l’autre. Septembre est dans la lignée de cet été chaud et voit lui aussi sa moyenne à 2°C au-delà des normales de saison. En tout début de mois, nous sommes alors en vendanges… comme c’est agréable ! Les équipes vont vite, la récolte est saine, elle est belle et le soleil brille !!! C’est actuellement en Octobre que les températures reviennent à leur niveau « classique » ; les vins sont alors terminés! Les 3 départements Bourguignons auront ainsi tous bénéficié d’un fabuleux été indien.
Résumer les conditions d’ensoleillement n’avait été aussi simple depuis plusieurs années, et ce, sur toute la Bourgogne ! En effet, le millésime est caractérisé par un excédent d’ensoleillement, la palme revenant aux mois de Juin et juillet. Août a été dans la moyenne avec des précipitations certes peu nombreuses mais qui sont arrivées au bon moment pour les besoins de la vigne. L’année 2015 a donc bénéficié d’un très bon ensoleillement, sensation renforcée par les déficits des étés précédents. Grâce aux conditions climatologiques plus que clémentes, et surtout régulières, durant la phase de maturation des raisins, les décisions de dates de récolte ont été prises sereinement. L’état sanitaire est vraiment superbe, tant en Pinot Noir qu’en Chardonnay. En effet, un été chaud et sec additionné à un régime hydrique, même « chamboulé », nous a permis de prendre notre temps afin de récolter des raisins à parfaite maturité. Sans déroger à la règle, nos contrôles de maturité parcellaires ont été déterminants pour l’ordre de récolte de nos parcelles ; les Chardonnay ayant un peu pressé le pas afin d’éviter la sur-maturité. C’est le 27 août pour notre Pouilly Fuissé et tout début Septembre, le 02 exactement, que nous avons récolté nos premiers raisins. Le Pinot Noir se ramasse après le Chardonnay afin de veiller au niveau d’acidité. Tous les raisins, ont bien entendu été passés sur table de tri, mais il faut admettre qu’ils ont été peu nombreux à être écartés. Très vite, nous avons pu constater que la récolte était peu abondante et que la concentration et la richesse des raisins étaient belles et bien là. C’est donc avec des Cuvées très prometteuses que nos vinifications ont débutées tambour battant. Le cycle végétatif Mi-avril, la végétation reprend activement son cycle végétatif. Ainsi, vers le 15 avril les premières pointes vertes apparaissent dans les secteurs les plus précoces de la Côte de Beaune. Puis, moins rapidement, les premières feuilles étalées apparaissent. Nous sommes alors sur des similitudes avec 2009 et 2005 à ce stade de la pousse de la vigne. La grande régularité des températures de mai et juin va engendrer une floraison rapide et efficace. En effet, la floraison se déroule sur quelques jours dès début juin, voire sur une semaine pour les 2 cépages. Il y a ainsi pas mal de similitudes avec 2003 à ce moment précis du cycle végétatif. Nous sommes prudents sur les ébourgeonnages car déjà, la sortie de fruit en elle-même semble peu abondante. Le début d’été marque aussi la fermeture de la grappe dans les premiers jours de Juillet. Les journées sont chaudes et sèches, il y a du vent, les décisions d’effeuillage sont donc prises avec parcimonie afin d’éviter tout risque de grillure. Nous en connaitrons tout de même un peu mais bien moins que ce que nous aurions pu craindre. La vigne résiste de façon incroyable.
Au niveau de la pression des maladies cryptogamiques, c’est l’Oïdium qui a donné le plus de fil à retordre par rapport au Mildiou. Là encore, l’hétérogénéité des parcelles sera pour beaucoup dans les décisions des cadences de traitement. Les choses s’arrangent dès la deuxième moitié de Juillet puisque la vigne est en avance et donc bien moins sensible.
Début Août, grâce au bel été, la véraison atteint plus de 85% sur l’ensemble de la Bourgogne. Les petits décalages observés lors de la floraison tendent à se lisser du fait des conditions climatologiques vraiment favorables. Ainsi, le stade 100% véraison est atteint dès fin août. Le feuillage, extrêmement sain, aura alors permis une photosynthèse intense et régulière aussi bien sur le Pinot Noir que sur le Chardonnay, permettant aux 2 cépages de gagner en maturité et en concentration de façon importante. Fin Août : l’état du feuillage est excellent. Aucune parcelle n’a « décroché », et la fin de la maturation peut s’envisager sereinement. Déjà le nombre de grappe et leur taille nous laisse à penser que la récolte sera peu généreuse, mais comme tout semble très sain, tout devrait finir dans nos cuves et pressoirs ! nous n’avons pas eu à intervenir sur la charge en fruits des ceps. On voit alors progressivement se dessiner la grande tendance du millésime, à savoir que tout risque d’être à ramasser en même temps car tout sera mûr simultanément ! Les Chardonnay comme les Pinot et la côte de Beaune comme la côte de Nuits. Pour nous aider à établir un ordre de vendange, nous avons utilisé notre outil d’aide à la décision le plus percutant à nos yeux : La dégustation des baies. Nous apprécions ainsi les évolutions de la saveur de la pulpe, de la texture des tanins (de pellicules et de pépins), et de la facilité des composés phénoliques à être extraits (couleur, tanins…). Dès lors les conditions estivales de fin août nous font être prudents quant à nos Chardonnay : certes plus longs à se munir de leurs arômes variétaux, ils montrent toutefois quelques signes de sensibilité à la sur-maturation et se teintent assez vite de dorés à doré-bruns. Ils sont peu riches en jus, les peaux sont épaisses, il faut alors veiller à ne pas perdre trop d’acidité ; c’est pourquoi nous les ramassons dans un délai assez court. Quant aux Pinots, ils nous laissent une latitude incomparable en terme de récolte : ils n’en finissent pas de mûrir et les tanins de s’enrober dans les pellicules et les pépins. La dégustation des baies montre des arômes variétaux très intenses, les peaux restent bien épaisses alors que les tanins s’y concentrent. De même, les tanins des pépins (bien bruns) ont des saveurs de grillé et de noisette, gage d’une belle maturité. Nos vendanges ont débuté le 27 août puis à partir du 02 Septembre 2015 : tout le domaine a été récolté en 7 jours, Record battu ! Les raisins ont une maturité homogène pour le Pinot Noir et l’état sanitaire nous pousse à une certaine confiance dans le tri et la sélection des raisins. Certes ils ne sont pas en quantité abondante, mais ils sont parfaitement mûrs et sains donc très peu sont écartés ! Le Chardonnay est récolté finalement en même temps car pour lui, le temps presse un peu plus du point de vue maturité. Les pressurages sont tous faits en vendanges entières non foulées avec des cycles courts et des pressions plutôt basses.
Les vinifications se sont déroulées dans de très bonnes conditions. La cinétique d’extraction a indéniablement été le 1er facteur déterminant cette année pour l’équilibre des vins rouges. Les vins sont donc ensuite paisiblement entonnés et vous attendent dans les chais. Les vins blancs : à ce stade, nous avons des vins généreux, aux arômes de fenouil, anis, fruits jaunes ; issus de raisins très mûrs, ils sont pourtant toniques et les acidités sont prometteuses. Les degrés naturels sont tous élevés et les terroirs respectés. Les vins rouges : Les robes sont plutôt sombres, et aux belles nuances violines. Le niveau d’acidité est satisfaisant et celui des tanins très concentré avec beaucoup de chair ; ainsi, la macération a été conduite de façon à extraire en douceur les tanins tous très mûrs (y compris ceux des pépins) tout en respectant l’harmonie générale. En ce début d’élevage, on retrouve des arômes de fruits frais (fraise, mûre, framboise) et des tanins présents que l’élevage en fût contribuera à enrober