Acquéreur : Peter Smith Hospices de Beaune

Le millésime 2017 au Domaine des Hospices de Beaune :
équilibre et intensité

Compte-rendu et analyse du millésime 2017 par Ludivine Griveau

La Climatologie – Octobre 2016 à septembre 2017.

Après un automne très ensoleillé, notamment en octobre qui est presque estival, voilà bien longtemps que nous n’avions pas eu un véritable hiver. Certes le soleil brille en décembre et janvier (+121h de soleil en plus), mais il fait très froid ! Nous comptons ainsi 7 jours sans dégel en décembre et 20 en janvier.
La pluviométrie aussi est changeante par rapport à ces dernières années car le déficit de pluies hivernales est en net recul de cet hiver. Tout s’inverse en février et mars qui sont des mois chauds (+2°C au-delà des normales de saison) et très lumineux. On s’attend à un démarrage rapide de la végétation.
L’ensoleillement de début avril est largement excédentaire et les pluies sont faibles, c’est l’opposé de 2016. La fin du mois est plus chaotique, tout le monde scrute les prévisions météo qui annoncent des risques importants de gelées. Mais il fait sec et le vent diminue les risques. On se rassure : les bourgeons résistent normalement à -3°C … pourtant le contexte plus humide des 27 au 29 avril donne des sueurs froides et des nuits blanches. En effet 2 nuits durant, les vignerons des villages des Côtes et Hautes-Côtes se mobilisent tant bien que mal pour assurer une couverture nuageuse aux levers de ces 2 jours là …. Au final, les dégâts sont très localisés et contenus. Nous avons une pensée pour des vignobles voisins qui ont parfois presque tout perdu.
La fraîcheur perdure début mai, puis l’été arrive avant l’heure avec des températures autour de 33°C et un ensoleillement exceptionnel jusqu’à la fin du mois. Les pluies sont régulières, la vigne les accueille avec soulagement ! Au demeurant, la Chambre d’Agriculture nous alerte : « le déficit est notable » et comparable à 2016 où, à l’inverse, l’excédent de pluies battait des records.

En juin, les périodes de forte chaleur continuent mais sont entrecoupées d’épisodes pluvio-orageux qui aboutissent à des cumuls très variables selon les secteurs (20 à 50mm en 7 jours). La dernière semaine de juin est caniculaire avec des journées à 38°C à l’ombre. Les plantations ont particulièrement soif.
Les pluies d’orages continuent sur juillet mais elles sont entrecoupées de périodes beaucoup plus fraîches montrant de grandes amplitudes thermiques d’un jour à l’autre. A noter que le déficit d’eau ne se comble pas, et au final, l’ensoleillement est déficitaire de 30h sur ce mois, ce qui nous est donné par la Chambre d’Agriculture comme étant équivalent à un mois de mai !
Le mois d’août sera plus régulier, malgré une semaine autour du 15 août où il fait frais et gris. Le vent, présent depuis le début du millésime, continue d’assainir les vignes et de bien ressuyer chaque pluie. À la toute fin du mois, les vignes sont vertes et les raisins bien visibles. Les premiers raisins du Domaine, à Chaintré, sont coupés sous un soleil de plomb les 26 et 27 Août. La suite des parcelles de Côte d’Or est vendangé à partir du 1er septembre pour les Chardonnay et du 2 pour les Pinot Noir.

Le cycle végétatif 

Suite au printemps plus que clément en février et mars, la vigne est dans les starting-blocks et montre une reprise de son activité végétative déjà autour du 20 mars. On observe en effet des stades de bourgeons gonflés dans le coton à cette date. C’est plus rapide que prévu et la fraîcheur revenant, les choses se calment un peu jusqu’à début avril. Le 28 mars, on trouve deci delà des pointes vertes dans les secteurs les plus précoces. Dès lors, on perçoit que ce millésime se lance dans la course à la précocité avec ses voisins 2014 et 2011. C’est 15 jours plus tôt que 2016 ! 
Tout le long du mois d’avril, la végétation ne fait qu’accélérer son développement et les travaux d’attachage se finissent à la hâte. Le rythme est intense, les feuilles s’étalent les unes après les autres : on peut observer entre 3 et 5 feuilles au 20 avril ! c’est assez hétérogène au sein des parcelles du Domaine et il est difficile d’établir une tendance au sein des jeunes vignes d’une part, et des plus âgées, d’autre part.  Les sourires se crispent à la fin du mois à l’annonce des risques de gel. Un an après, jour pour jour, encore en ce 27 avril, la Bourgogne retient son souffle, déploie une action collective inédite pour tout faire pour sauver la récolte. Au petit matin, le verdict tombe : les jeunes poussent sont saines et sauves dans la plupart des parcelles. Durant cette période, le travail du sol est suspendu afin de ne pas engendrer de remonter d’humidité. Il ne reprendra que début mai, alors que la pousse stagne pendant plus de 15 jours. Les vignes sont vert pale, elles se remettent doucement de la vague de froid et de sec. Nous voyons cependant que la sortie des bourgeons est importante, donc nous entamons un long et précis travail d’ébourgeonnage au sein de toutes les parcelles du Domaine. 

A partir de mi mai, la vigne pousse à une allure effrénée. On note l’apparition de 3 à 4 feuilles par semaine ! Pourtant les températures remontent tout doucement, mais on voit bien que les vignes n’attendaient que ce petit coup de redoux pour se lancer. Fin mai est très chaud, le rythme de pousse est intense et l’on s’attend à voir les premières fleurs assez tôt. Gagné ! En Chardonnay la pleine floraison est atteinte la semaine du 30 mai et celle du Pinot Noir dans la semaine d’après. Nous choisissons de limiter les risques de coulure en attendant 50 à 75% de floraison avant d’écimer. Parfois les branches sont longues mais il faut favoriser les afflux de sèves vers les fruits plutôt que vers les apex des rameaux. L’avance est conservée, les maladies et ravageurs n’exercent pas une trop forte pression. Cela nous laisse donc le temps des opérations en vert en pleine pousse active. Il faut tenir la cadence car les alternances pluies/chaleur sont très favorables à la vigne. Par choix, aux Hospices de Beaune, nous confions une surface de 2.5 Ha par salarié viticole, ce qui, même dans cette configuration de pousse intense, laisse tout le temps à un travail de précision primordial dans les opérations de relevage, d’accolage et de labour. 

Les baies de certaines parcelles de Chardonnay ont déjà atteint 2 à 3 mm à la mi-juin, 2017 entre donc parmi les trois millésimes les plus précoces de ces 10 dernières années. Ce rythme restera soutenu durant juin et juillet avec un développement homogène en Pinot Noir et une pression phytosanitaire très limitée sur l’ensemble des secteurs. Nous décelons toutefois des phénomènes de coulure sur les Chardonnay, parfois assez conséquents (débourrements rapides + averses importantes. + fortes chaleur). Pour les Pinot, on reste dans la moyenne physiologique (nouaison moyenne environ de 70%). 
Jusqu’au 28 juin, les chaleurs sont écrasantes, les vignes se bloquent parfois dans leur développement et montrent même des signes de sécheresse : feuilles jaunies, grappes grillées à certains endroits. Les effeuillages ayant été menés de bonne heure en Pinot Noir (courant juin), les fruits se sont acclimatés à la chaleur et au soleil. Les dégâts des plus importants s’observent ainsi sur des raisins pour qui l’exposition est plus brutale. Autour du 10 juillet, les grappes ont parfois atteint le stade de fermeture : On reparle de 2007 et 2009 en termes de comparaison de précocité et déjà la date de fin août / début septembre se dessine pour la date de récolte. Un épisode de grêle en côte de Nuits nous fera encore frémir, mais c’est ce sera la dernière grosse alerte climatique de l’année. 

Les pluies d’averses sont parfois à l’origine de cumuls importants, très hétérogène : Vosne affiche 90 mm quand Pommard n’en reçoit « que » 50. Le 15 -20 juillet, les premières grumes se teintent en rouge car la fermeture de grappe ne s’est pas faite attendre. L’avance de 3 semaines sur 2016 se confirme, nous débutons la préparation de la cuverie et du matériel de réception de la vendange ! Tout début août, les vignes sont au stade mi-véraison. Cette dernière sera un peu plus étalée que ce à quoi l’on s’attendait car la deuxième décade d’août est plus fraîche et surtout moins lumineuse (temps nuageux mais chaud). Elle s’achèvera autour du 21-25 août. L’état sanitaire est très bon et nous avons le sentiment qu’il faudra plus gérer le tri de raisins hétérogènes en maturité que de raisins abîmés par du botrytis quasi absent à ce stade. 

Dans les derniers jours d’août, le Pinot Noir se gorge de sucre et le Chardonnay se goute de plus en plus équilibré. Une fois encore, les contrôles de maturité et la dégustation des baies sont indispensables. Nous avons fait le choix de les mener de nouveau sur l’intégralité du Domaine, 117 parcelles. Le 21 août, nous débutons nos contrôles de maturité, la récolte est saine, les Chardonnay semblent un peu en avance sur le Pinot Noir ; décidément, rien à voir avec 2016 ! L’état sanitaire est vraiment superbe, la météo annoncée plus que clémente, nous avons le temps de récolter des raisins à parfaite maturité. 

Les vendanges du millésime 2017

Ce sont les 26 et 27 août pour notre Pouilly Fuissé et le 1er Septembre en Côte de Beaune, que nous avons récolté nos premiers raisins de Chardonnay. Dans le même temps, les contrôles de maturité sur les Pinot Noir sont unanimes : il faut commencer ! Les tous premiers arriveront en cuverie le 2 septembre. 

Tous les raisins, ont bien entendu été passés sur table de tri. Nous avons pu constater que la récolte était assez abondante comme prévu, mais nos choix de méthodes culturales portent leurs fruits et nous avons des rendements parfaitement maîtrisés comme à notre habitude. 

Cette année, la dégustation des baies de Pinot Noir et des pellicules nous laissaient entrevoir des tanins et des couleurs qu’il va falloir aller extraire et qui vont exiger une certaine « technicité ». Cela tombe bien, nous sommes prêts à mener ce travail d’équilibriste que le Pinot Noir demande parfois. Les Chardonnay sont denses, les pressoirs se règlent au cas par cas. 

C’est donc bien pour un millésime « d’équilibriste » pour des vins équilibrés que nos énergies vont se mobiliser pendant plusieurs semaines ! 

Interview de Ludivine Griveau - bilan du millésime 2017 aux Hospices

2017 : Albert Bichot achète la pièce de charité

157ème vente aux enchères des Hospices de Beaune : Albéric Bichot de la maison Albert Bichot achète les 2 Pièces du Président pour son client chinois Mr Leung pour 420 000 Euros. La vente était parrainée par Charles Aznavour, Agnès b., Julie Depardieu et Marc-Olivier Fogiel. La vente des 2 fûts de Corton Grand Cru Clos du Roi est réalisée au profit de trois associations : la Fondation Tara Expéditions qui organise des expéditions pour étudier et comprendre l’impact des changements climatiques et de la crise écologique sur nos océans, la FRC (Fédération pour la recherche sur le cerveau) et la Fondation pour la recherche sur Alzheimer.

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